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22 !
22 !
 

For 7 to 9 years old

Description 4ème de couverture
 
22 !
Marie-Aude Murail
illustrations Yvan Pommaux

A la naissance du jeune Ivan, fils du grand-duc Nikolaï, un étudiant écrit une chanson pour railler l'aspect chétif du petit. En réponse à cette moquerie, Nikolaï décide d'interdire la lettre V dans toutes les conversations, sous peine de payer une amende de 50 sous. Il devient alors très difficile de parler.

Une fiche pédagogique existe pour cet ouvrage sur le site de l'Ecole des loisirs.

ISBN 978-2-211-09000-1 | EAN 9782211090001

Editeur Ecole des loisirs, Paris - Collection Mouche
Description Broché ; 1 vol. (51 p.) ; illustrations en noir et blanc; 19 x 13 cm

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A propos de l'auteur et de l'illustrateur
Ci dessous un interview de l'auteur- Source: Site Ecole des Loisirs-http://www.ecoledesloisirs.fr/php-edl/catalogues/f...

Interview de Marie-Aude Murail à propos de son livre, 22 !
22, ADN… Des chiffres et des lettres et des lois.

Dans un Grand-Duché d’opérette, la lettre v devient soudain indésirable et interdite. On ne se rendait pas compte, avant de lire 22 !, qu’il y avait autant de v dans les mots français courants et à quel point ils manquent quand ils sont interdits de séjour… Ne nous privons donc pas de méditer sur toute ressemblance avec des lieux et des événements existant ou ayant existé.

Du Hollandais sans peine à l’invention du wiétlanien dans Mytho, en passant par les trouvailles enfantines des beaudhommes de Simple, vous adorez jouer avec le langage, le chambouler, le réinventer. D’où êtes-vous partie cette fois-ci ? Du nombre 22 ?
De la lettre v ?

J’ai cherché une nouvelle fois à m’amuser avec ma langue maternelle et j’ai pensé à ce jeu, appelé savamment le lipogramme, au pari que fait Georges Perec dans La disparition, par exemple : écrire une histoire en supprimant une lettre (dans ce cas, la lettre E, comme « eux », puisqu’il y évoque la disparition de ses parents dans les camps de la mort). Et comme mon caractère ne s’accommode pas plus que celui de Perec du côté gratuit d’un tel jeu, je lui ai cherché un sens, et un sens aisément compréhensible par un jeune lecteur. Il s’agit donc d’une interdiction de prononcer la lettre v, d’une censure. J’ai choisi le v à cause de la chanson qu’écrit mon héros à la naissance du petit-duc Ivan et ce n’est qu’après coup que j’ai réalisé qu’il s’agissait de la vingt-deuxième lettre de l’alphabet et que l’expression « 22, v’là les flics » allait me fournir le titre du récit. L’inconscient est une belle chose, toujours au service des écrivains…

Précisons qu’on doit sans doute cette expression aux typographes. Eux aussi avaient l’habitude et le goût du jeu de lettres, et c’est pour s’avertir mutuellement de l’arrivée de leur supérieur hiérarchique – le prote – dans l’atelier qu’ils se sont mis à crier « 22 », qui n’est autre que l’addition des rangs dans l’alphabet des quatre lettres du mot « chef » : c-3 + h-8 + e-5 + f-6 = 22. Cri d’alarme devenu, plus tard, par extension, le célèbre « 22, v’là les flics ! ».

Incidemment, j’ai lu hier Minusman et les 100 papiers (également un Mouche, de Nathalie Brisac), qui parle très ouvertement des enfants sans papiers, et le premier chapitre s’intitule… 22 ! L’inconscient collectif des écrivains est une belle chose aussi…

Cette censure du v semble dérisoire, on commence par en rire, et pourtant…

Certes, elle peut sembler légère au départ, mais elle interdit toute spontanéité (allez donc parler en supprimant tous les mots avec un v !), dénature tout l’héritage culturel, puisqu’il faut tout réécrire sans un seul v, et pèse sur l’envie même de créer. Aucune censure, si petite nous semble-t-elle, ne peut être prise à la légère…

Le livre est dédié à Astrid-Mira (pour en savoir plus sur cette petite fille congolaise sans papiers dont Marie-Aude est la marraine républicaine, merci de vous reporter à la brochure Mon écrivain préféré de 2007). Que devient-elle ? Et les autres ?
Aujourd’hui, grâce à la mobilisation de parents, d’enseignants, d’écrivains, de journalistes, d’hommes politiques, de prêtres, d’associations, Astrid-Mira a des papiers, un foyer et… un nouveau papa (un ancien amoureux de la maman qui l’a retrouvée il y a peu dans les locaux de l’ambassade du Congo et qui est toujours aussi amoureux, un Dieu veillait sur cette petite fille, désormais ma filleule !).

Et puisqu’on est en pleine actualité, dites-nous donc ce que vous inspirent les lettres ADN ?
Les mots ADN me renvoient à un souvenir bien précis. Lorsque nous étions au « guichet Sarkozy », comme on le désignait à la sous-préfecture d’Orléans, essayant d’obtenir une régularisation pour la maman d’Astrid-Mira qui remplissait toutes les conditions exigées par la circulaire, il m’a été objecté que rien ne prouvait suffisamment la filiation entre la maman et l’enfant. Il est rare en effet qu’une personne qui a été emprisonnée, torturée, violée, et qui a pu s’échapper de l’hôpital grâce à des complicités pense à emporter son livret de famille. En désespoir de cause, j’ai proposé qu’on fasse un test ADN. On m’a ri au nez, ce test était beaucoup trop cher et n’aurait aucune valeur légale… En quelques mois, j’aurai entendu toute chose et son contraire. En accompagnant Astrid et sa maman dans leurs démarches, l’écrivain que je suis a eu le sentiment qu’on lui racontait des histoires et la citoyenne que je suis aussi qu’on se payait sa tête. J’en garde un goût très âpre dans la bouche et, bien que je n’aie pas l’âme militante, je sens qu’il ne faudra plus grand-chose désormais pour que je sois d’autres combats.

Extrait du catalogue Médium, printemps 2008

Thèmes : Conte - Langage / Jeux de mots

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Murail, Marie-Aude